Tamyurt n idernan
Certaines régions de Souss, surtout chez les « Iboudrarn » de lAnti-Atlas occidental (Anezi, Tafraout lmolud, Assif oudrar, Ighir Mouss, Tizgui, Ait Hmad, Irsmoukn, Tighmi, Tazerwalt, Idagougmar, Idawsmlal, Tafraout, Ait souab, Issagen, Idaougnidif
etc) célèbrent en cette période de lannée (janvier-mars) une tradition dite « Idrnan » .
Selon certains, cette tradition trouve son origine chez « Sidi Mohammed A3jliy » qui est un Saint dont le tombeau se trouve dans la tribu dAfawzour, située entre Anezi et Tighmi. Selon les habitants, cette tradition remonte à lépoque de la colonisation des portugais (Berdkis) dAgadir et régions, lesquels Berdkis interdisaient aux gens de se réunir entre eux en vue de limiter la coordination des tribus pour chasser ce colonisateur. Cest dans cette optique que ce wali c’est-à-dire Sidi Mohamed A3jliy a inventé cette idée dIdernan qui permettent aux gens déchanger des visites et de se voir et de coordonner la résistance loin des yeux de colnisateur.
Après, Idernan se sont ancré comme une tradition et une fête pendant laquelle les habitants organisent des festivités déchange de visites entre les proches, en préparant les beignets qui sont servis aux invités ainsi quaux membres de la famille, bien entendu en plus des composants habituels des tables chleuhs à loccasion de pareilles occasions, à savoir de délicieux tagines, beurre berbère (Udi), miel de ruche (tamnt), amlou (amandes préparées à lhuile dargan)..etc.
A lapproche de la période de préparation de « Idrnan », les gens sapprovisionnent en divers produits nécessaires, notamment lhuile de table pour ceux qui nutilisent pas lhuile dargan, la farine de blé qui est la farine largement utilisée en Idrnan, la levure et le sel. Il en est de même des autres fournitures non moins importantes, comme le thé, le sucre, les fruits, les légumes, bref tous les ingrédients pour faire une bonne fête digne de ce nom.
La particularité de la tradition dIdrnan est quelle est célébrée de manière intermittente entre les différentes tribus et régions, ce qui donne la possibilité aux habitants des différentes localités déchanger des visites, en dautres termes les calendriers dorganisation différent dune tribu à lautre ; généralement les festivités durent une semaine ou plus selon les régions.
Le jour de célébration, les femmes se mettent au travail, en préparant la pâte servant à la préparation dIdrnan, laquelle est faite à base de la farine de blé et rarement la farine dorge. Un foyer servant à allumer le charbon (inkan) est mis en place à cette fin, de préférence au dessus de la terrasse ou dans la cour de la maison, car tous les membres de la famille assistent à la préparation des beignets. Une fois, la pâte est prête, on installe une grande poele « lmaqla » sur le feu dans laquelle on ajoute de lhuile de table ou dargan. Aussitôt lhuile chauffé, on commence à transformer la pâte en petites boules qui sont baignées à lhuile chaude, tout en veillant à les faire tourner pour garantir une bonne cuisson qui permet dobtenir des beignets rouges bien gonflées et croustillants, qui sont agencées dans un plat dit « tabssil » au fur et mesure de leur cuisson.
La préparation des beignets est un moment de joie où la famille est réunie, sans oublier les enfants qui explosent de joie en tournant autour du plat et essaient coûte que coûte dobtenir les premiers beignets qui tombent dans le plat à risque de se faire brûler la bouche.
Dailleurs, cet acharnement trouve son origine dans une légende qui dit que « ceux qui mangent le premier beignet trempée dans la poele aurait la chance de découvrir les ufs de perdrix ».
Les membres de la famille ainsi que les invités sont accueillis au salon en leur servant les plats préparés à cette fin, Udi, tamnt, amlou, argan et le tagine ainsi que les beignets fraîchement préparés et qui sont consommés à volonté, aussi bien accompagnés dun bon tagine délicieux au poulet « beldi » que servis avec de thés à la menthe bien infusé. Il convient quand même de signaler que les beignets froids perdent leur goût croustillant.
A cette occasion, les habitants organisent des soirées « dahwach » et de danse pleines de joie et de fraternité.
Dans le but de garder cette tradition magnifique qui consiste à réunir les membres de la famille et léchange des visites, je vous propose de faire de même en échangeant de visites entre vous, au cous des quelles vous préparez les beignets et les servir accompagnées de plats délicieux de la cuisine berbère ; cest loccasion pour celles et ceux qui en savent pas préparer les beignets de mettre la main dans la pâte.